Sommes-nous d'abord musulmans ou citoyens français ?
Il y a un débat parmi les intellectuels musulmans concernant la question de savoir si le terme "musulman" devrait être considéré comme une identité ou non. Certains individus, y compris certains de mes amis, ont choisi de ne plus se considérer comme "musulmans", même s'ils croient en Allah, le Coran et la Sunna. Ils soutiennent que l'essence réside dans la soumission à Dieu plutôt que d'être étiqueté en tant que musulmans si nos actions ne reflètent pas cette soumission. Bien qu'il y ait une certaine validité à ce point de vue, cela met en évidence la crise d'identité vécue par certains musulmans dans le contexte occidental.
Dans le contexte français en particulier, nous sommes souvent confrontés à des questions telles que : Sommes-nous d'abord musulmans ou d'abord citoyens français ? Croyons-nous que la loi française prime sur la loi islamique (charia) ou vice versa ? Ces questions peuvent être injustes et sont conçues pour instiller la peur au sein de la communauté musulmane française, qui souhaite simplement être traitée comme tout autre citoyen français non musulman. Il est possible d'être musulman, de se soumettre à Allah, et en même temps d'être un citoyen respectueux des lois et de la constitution de la France.
Tandis que la question de savoir si la charia est supérieure à la loi française ou vice versa, elle est souvent abordée de manière injuste en France. Elle vise à marginaliser certains segments de la population et peut entraîner l'utilisation d'un langage violent, plutôt que de s'engager dans des discussions respectueuses et philosophiques. Et pourtant, ce genre de débat a toujours eu lieu. Des chercheurs tels que Hart, Fuller, Foucault et Rousseau ont tous débattu de la formation des lois d'un point de vue philosophique (Understanding Jurisprudence: An Introduction to Legal Theory), sans être accusés de manquer de patriotisme. D'autres, comme l'ancien archevêque de l'Église d'Angleterre Rowan Williams, ont également expliqué que "bien qu'il y ait une compréhension commune de l'allégeance aux lois du pays, on reconnaît également que les communautés religieuses jouent un rôle dans la formation des croyances et des valeurs de leurs fidèles. Dans ce contexte, la loi reconnaît que certaines questions de conscience peuvent se poser au sein des communautés religieuses, et elle n'impose pas une conformité universelle aux lois civiles dans de tels cas." (Islam and English Law: Rights, Responsibilities and the Place of Shari'a).
Nous ne devrions pas avoir peur de qui nous sommes, et nous ne devrions pas non plus avoir honte de nos convictions. Vous pouvez vous soumettre à Allah et montrer que vous êtes un musulman à travers vos actions tout en revendiquant votre place dans la société française. Mais les choses doivent être faites en réfléchissant et non en se laissant guider par les émotions. Par exemple, il n'y a aucune vertu à porter un jubba ou un jilbab à l'école si vous ne comprenez pas votre Seigneur et ce qu'Il attend de vous.